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Alexandre Yersin, Vie au Vietnam

Dans cet article nous vous parlons de la vie de Alexandre Yersin, un homme au destin exceptionnel à la fois  médecin, scientifique, explorateur, éleveur, botaniste, physicien…

Sa curiosité et son imagination sont à la hauteur de son talent immense. Durant sa vie au multiples facettes, Alexandre Yersin a vécut plus de la moitié de sa vie au Vietnam. Le Vietnam devient son pays de cœur et d’adoption, il vécut en grande partie à Nha trang où il s’éteindra le 1er mars 1943 à l’age de 80 ans.

Alexandre Yersin est surtout connu pour avoir découvert le bacille de la peste (Yersinia pestis), qui fut une avancée considérable dans l’élaboration d’un vaccin et pour annihiler cette effroyable épidémie de la peste. Mais il gagne à être connu pour l’ensemble de son oeuvre.

Jeunes années, un étudiant doué et appliqué

Alexandre John Emile Yersin est né le 22 septembre 1863 à Lavaux,Canton de Vaud en Suisse.

Yersin poursuit à Lausanne des études qui le conduisent au baccalauréat en 1883. Sa vocation médicale est probablement encouragée par deux médecins morgiens, les docteurs  Ferdinand Jaïn et Jean-marc Morax.  L’académie de Lausanne qui ne devient université qu’en 1890 n’offre en ce temps là qu’une année de formation médicale. Il est d’usage que les Vaudois poursuivent leurs études soit en Allemagne, soit en France. Alexandre Yersin décide de poursuivre ses études à Marbourg en Allemagne.

Yersin-etudiant
Yersin étudiant

Yersin aurait préféré Berlin mais se sera la province. Sa mère Fanny loue pour son fils une chambre chez un professeur honorable. Une sommité qui enseigne à l’université. A cette époque il est difficile pour Yersin de quitter sa mère, c’est le début d’une correspondance avec Fanny qui ne prendra fin qu’après la mort de celle-ci.

Il a vingt ans et sa vie se dit alors tout en allemand.

Recherches à l’institut Pasteur et naturalisation française

De 1885 à 1886 Alexandre Yersin poursuit ses études à Paris, où il fait la rencontre décisive de E. Roux qui le fait entrer dans le laboratoire de Louis PAsteur.

Il va alors faire partie de « la bande à Pasteur ». il travaille dans le petit institut. Il écrit à sa mère : « le cabinet de Pasteur est petit, carré avec deux grandes fenêtres. Près d’une fenêtre il y’a une petite table sur laquelle sont les verres à pied contenant les virus à inoculer ».

C’est le début de la vie parisienne, Yersin obtient un maigre salaire de l’institut. Il quitte chaque matin la maison pour aller suivre les cours à la faculté de médecine, rue des saint-pères. il mène des observations cliniques à l’hôpital des enfants malades. Il choisit pour sujet de thèse la diphtérie et la tuberculose.

Trois ans après son arrivée à Paris, en 1888 il soutient sa thèse de doctorat en médecine qui lui vaut la médaille de bronze de la faculté de médecine à Paris(1889).

Pasteur lui demande de s’inscrire au cours  de microbiotie de R.Koch à Berlin, le découvreur de la bacille de la tuberculose.

Dans la foulée il prend part au travaux de E. Roux sur la diphtérie et à la rédaction des mémoires sur le bacille diphtérique et sa toxine.

Yersin obtient facilement la naturalisation Française grâce au soutien de E. Roux, Alexandre Yersin devient un savant français.

Médecin maritime en Indochine

En 1890 il quitte l’institut Pasteur pour devenir médecin des messageries maritimes sur la ligne Saigon-Manille.

Alors âgé de 27 ans, Alexandre Yersin, après un bref séjour en Normandie où il découvre la mer, décide de voyager loin, très loin…

Il descend à Marseille pour embarquer à bord de l’Oxus en partance pour l’extrême-orient. C’est un long voyage de plusieurs mois pour se rendre en Indochine. Il débarque pour la première fois à Saigon et est affecté à la ligne Saigon-Manille comme médecin de bord sur le bateau Volga.

Pendant environ un an, il fera des aller-retour entre Saigon et Manille. Il est ensuite muté sur la nouvelle ligne de Haiphong à bord du Saigon. un modeste cargo pour trente six passager, assurant la ligne Saigon- Haiphong.

la photo de Yersin

 

Le bateau passe régulièrement devant Nha Trang situé au milieu du Vietnam, et à force de passer devant, Yersin obtient de descendre à terre. Pour lui c’est un éblouissement; il est envoûté par la végétation de l’arrière pays qui surplombent les sommets des montagnes. C’est le coup de coeur de Yersin pour Nha trang où il posera ses valises plus tard.

Sur cette ligne monotone, Saigon-Haiphong, Yersin apprend la cartographie et prépare son avenir d’explorateur.

Un médecin des pauvres

En attendant de découvrir des contrées inconnues, Yersin ouvre des consultations gratuites à chacun des ces séjours à Nha Trang.

Pour lui « Demander de l’argent pour soigner un malade, c’est un peu lui dire la bourse ou la vie ».

Yersin continue de naviguer sur le Saigon et les messageries maritimes lui versent un salaire, lui dispensant de faire payer ces consultations. Toute sa vie il essaiera de demeurer étranger à l »économie comme à la politique.

Explorateur

A 29 ans, Yersin veut oublier la science. En  1892, il quitte Saigon pour s’installer à demeure à Nha Trang où il fait construire une bicoque en bois sur la pointe des pécheurs. il ouvre un modeste cabinet. Il devient le docteur « Nam », premier docteur occidental de la région. il instaure une consultation payante pour ceux qui le peuvent et continue de soigner les pauvres gratuitement.

Durant ce temps il parcourt à pied des centaines de kilomètres dans les collines, séjourne dans les villages alentours Mois, mais il veut aller plus loin.

Avec ses quelques économies il monte sa première expédition; il veut traverser la jungle et la montagne. Il traverse la montagne et la jungle  depuis Nha Trang pour rejoindre l’autre coté du fleuve du mékong, jusqu’a Phnom Penh au Cambodge.

yersin-explorateur

Yersin est le premier voyageur à relier par voie de terre la côte de l’Annan (Nha Trang) au Cambodge, jusque là connue seulement par le fleuve.

Yersin est officiellement explorateur, soutenu par le gouverneur général de la colonisation française, il arpente le pays pendant deux ans. On lui procure le matériel et les hommes, il étudie sur son passage le tracé de nouvelles voies pour le commerce, signale des lieux propices à l’élevage, inventorie les richesses du coins…

Durant ces explorations, il découvre le plateau du Lang Bian où s’élèvera plus tard la ville de Dalat

1894 Découverte du bacille de la peste

Après bien des aventures, de longues marches a arpenter la jungle, explorer, respirer l’odeur du crottin et du cuir mouillé, manger la viande sur le feu de campement et se réveiller au bruits des animaux sauvages, c’en en est terminé de l’exploration. Un télégramme de Roux et Pasteur lui demandent de se rendre au plus vite à Hong Kong. C’est la plus grande histoire de la peste. Yersin referme son dernier carnet d’explorateur.

Après avoir obtenu l’autorisation du gouvernement anglais, Yersin se rend à Hong Kong pour y étudier la peste. Mais la mauvaise volonté des anglais est évidente, et également de l’équipe japonaise sur place, on se dispute les autopsie pour découvrir le premier une avancée. En effet,  c’est une compétition. On y’est, on va découvrir le microbe de la peste et jamais plus l’occasion ne se représentera dans l’histoire celle d’avoir été le vainqueur de la peste.

Yersin retrouve la jubilation parisienne des éprouvettes et reconnais le premier le microbe de la peste. Yersin, 31 ans  est le premier homme à observer le bacille de la peste comme pasteur avait été le premier à observer celui du choléra.

yersin-pasteur

Il s’enferme encore deux mois dans son laboratoire de fortune, se penche sur les rats crevés, établit leur rôle dans la propagation de l’épidémie. Il envoi ensuite le matériel à Paris pour qu’il puisse établir un vaccin.

Yersin écrit au gouverneur de Hanoi : « J’estime que le but de ma mission à Hong Kong est atteint, puisque j’ai pu isoler le microbe de la peste, faire les premières études sur les propriétés physiologiques et envoyer à Paris un matériel suffisant’.

En deux mois à Hong Kong, c’était plié la grande histoire de la peste.

A Nha Trang, installation

Après un bref retour à Paris, Yersin obtient une nouvelle mission à Nha Trang . il entreprend l’installation d’un modeste centre d’étude des épizooties animales (devenu institut pasteur de Nha Trang en 1905). Il obtient un modeste budget mais il entend mener ses recherches seul et à son rythme.

Yersin engage à Nha trang des fils de pêcheurs dont il fera les laborantins de son petit établissement. Il voudrait demeurer ici, à Nha Tang, à la pointe des pêcheurs devant l’eau scintillante de la baie. Des obligations en voudront autrement, ce n’est que plus tard qu’il pourra y rester plus longuement..

A Madagascar

A Trente-deux ans en 1895, il reçoit un nouveau télégramme lui demandant de partir aussitôt que possible pour Diego-Suarez afin d’y étudier le microbe des fièvres bilieuse. C’et donc avec un enthousiasme modéré qu’il quitte Nha Trang pour Saigon et pour Madagascar.

Durant un long voyage, il met pied au Yemen, dont les environs  sont un désert de sable absolument aride. Yersin gagne l’Égypte et s’en va voir les pyramides, il embarque pour zanzibar, puis la réunion…et arrive à Madagascar.

Après trois mois de voyage,  il s’installe à Nossi-be, où il agréable de séjourner, Yersin aime les bords de mer. Il est convaincu qu’il se déplace pour rien, mais il obtempère, effectue des prélèvements, prépare le microscope et les seringues, étudie la végétation. Il se retrouve notamment pour la première fois devant un Hévéa, qu’il introduira plus tard en Indochine en 1898.

Pas de trace de fièvre bilieuse, sa mission est plus politique que scientifique, Yersin n’est pas dupe, c’est la grande histoire de la colonisation.

1896, la chine, puis l’inde

Départ pour la Chine en 1896 où il expérimente à Canton le sérum anti-pesteux élaboré plus tôt à Paris.

A Canton, dans un hôpital chinois, Yersin inocule le sérum anti-pesteux a un jeune Chinois atteint. Celui-ci guérit. Yersin est le premier homme à sauver un pestiféré.

Il sera ensuite envoyé en Inde à Bombay pour les mêmes raisons

Retour à Nha trang

Après Bombay, c’est fini, la peste soit du corps médical! Yersin entend jouir du privilège, à 35 ans de se soustraire à la politique et à l’histoire.

Il connait le paradis, Nha Trang et ne veut plus le quitter. Durant ce temps le bâtiment de l’institut s’élève. on installe des laboratoires, des hangars pour accueillir les bœufs et les chevaux en cours d’immunisation de diverses infection.

yersin-maison

Le projet bénéficie du soutien de son ami Paul Doumer, alors gouverneur général de l’Indochine française, fondateur de Dalat. Yersin recrute laboureurs et palefreniers, développe l’élevage et l’agriculture pour nourrir le cheptel.

A cette période, Yersin, insatiable étudie la physique, la mécanique, l’électricité.

Le laboratoire prend une ampleur considérable avec des centaines d’animaux, buffles, chevaux, vaches, moutons, chèvres. Il est entouré de fils de pêcheurs devenus pasteuriens et de pasteuriens venus de Paris et de Saigon.

Il fat aménager des cultures à étage. On plante 2000 caféiers Liberia, mille pied de coca pour la préparation de la cocaïne alors utilisée en pharmacie. Yersin développe sa production et concocte un concentré liquide, lequel aurait pu faire de lui le milliardaire inventeur d’une boisson noire et pétillante q’il en avait déposé le brevet. il donne à celle-ci le nom de Kola-Cannelle.

On cultive le tabac aussi ainsi que le manioc. On dénombre des échecs :  la vanille, la muscade, la guttapercha et le mais ne s’acclimate pas.

Comme nous tous Yersin cherche à faire de sa vie une belle et harmonieuse composition. Sauf que lui, il y parvient.

1902-1904 création de l’école de médecine de l’indochine à Hanoï

Huit ans après sa découverte du bacille de la peste, quatre ans qu’il est tranquillement installé à Nha Trang. Il reçoit une requête de son ami Paul Doumer, qui, avant de quitter l’Indochine veut laisser une trace indélébile de son passage en Indochine en tant que gouverneur général. Il veut monter une école de médecine  et un hopital à Hanoï et souhaite confier la direction à Yersin.

Yersin ne peut dire non à son viel ami, il quitte Nha Trang pour Hanoï. Dès que les bâtiments sont inaugurés, Yersin s’occupe de la gestion du complexe. Après deux années de direction et d’administration, tout cela fonctionne et il estime pouvoir enfin démissionner.

Yersin à 40 ans, sa vie à Hanoï n’aura été qu’une parenthèse, il retourne à Nha Trang après un nouveau séjour à Paris où il verra sa mère Fanny pour la dernière fois.

1904 la vie à Nha Trang continue

Il est nommé mandataire en Indochine de l’institut Pasteur de Paris et directeur des instituts Pasteur à Nha Trang et Saigon.

Il va notamment se prendre d’intérêt pour la couvaison, construisant un immense poulailler , l’objectif étant de déterminer dans l’œuf le sexe du poussin.

En 1909, il devient membre de la société de pathologie exotique.

Durant les années qui suivent Alexandre Yersin tentera d’assouvir son insatiable curiosité scientifique. Outre ses activités de médecin, de bactériologiste, d’explorateur, d’agronome, de botaniste, Yersin se passionne pour la physique. Mécanique, electricité, astronomie,météorologie, radio, tout l’interesse et tout est mis à profit pour l’institut qu’il dote des dernières inventions.

Yersin pratique la photographie, se tenant au courant des derniers progrès. Lorsqu’il deviendront disponibles, il acquiert caméra et phonographe qui feront l’amusement et l’étonnement des enfants de Nha Trang.

En 1915 il ouvre une nouvelle station agricole dans la réserve naturelle de Hon Ba, situé non loin de Nha Trang.

C’est a cette époque que Yersin introduit l’Hevea au Vietnam. Il plante ses premiers arbres à caoutchouc, il rentre en contact avec un certain Michelin et crée une entreprise prospère dans le domaine.

Yersin se réveille tout les matins dans le silence et la paix de son chalet à Hon Da, cultivant fruits et légumes.

Dernier retour en France

A la demande de l’institut il se résout à retourner en France .

Yersin est un homme de plus de soixante ans, vêtu d’in pardessus noir et de gants il reprend ses marches dans Paris, il n’était pas revenu en Europe depuis 7 ans. Ce ne sera qu’un bref passage ponctué de réunions de travail sur des études bactériologiques.

prix nobel de physique?

De retour à Nha Trang, Yersin poursuit sa vie heureuse. Libéré de son temps par la présence de ses collaborateurs. Il a confié la recherche médicale à Noel Bernard, la recherche vétérinaire à Henri Jacob, les quinquinas à André Lambert et la gestion de tout cela à Anatole Gallois, un journaliste débauché au journal de Haphong.

Après la bande à Pasteur, c’est la bande à Nha Trang!

Il passe plus de temps sur son fauteuil en rotin derrière sa lunette astronomique commandée chez Carl Zeiss.

lunette-astronomique
lunette astronomique de Yersin

Il fera monter des cerf-volant haut dans le ciel reliés par des câbles électriques afin de mesurer l’électricité atmosphérique et prévoir les orages et les typhons.

Plus tard, il convint Fichot un ingénieur hydrographe  de s’installer à Nha Trang. Il étudie beaucoup, observe, calcule. Il emplit ses carnets, progresse en théorie mathématique, publie ses relevés et ces considérations celestes. A défaut du prix nobel de médecine, pourquoi pas celui de physique! (qu’il n’aura pas).

La vie sédentaire

Il restera désormais à Nha Trang. Il effectue en 1917 les premiers essais d’acclimatation des Cinchonas en Indochine pour produire la quinine et traiter le paludisme.

En 1924 il devient inspecteur général des établissements de l’institut Pasteur en Indochine.

1934 il est directeur honoraire de l’institut Pasteur à Paris.

En 1939, il est promu grand officier de la légion d’honneur.

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Alexandre Yersin

Il s’éteint à Nha Trang à une heure du matin le premier mars 1983 à l’àge de 80 ans.

En 2013, pour son immense contribution dans de nombreux domaines, le gouvernement de la république socialiste du Vietnam a decerné le titre de « citoyen honoraire du Vietnam »

Ouvrage référence et conclusion

Dans cet article, j’ai utilisé comme principale ressource le livre « Peste & Choléra » de Patrick Deville. C’est un ouvrage passionnant qui retrace la vie d’Alexandre Yersin. Alors si vous avez apprécié cet article et désirez en savoir plus, n’hésitez pas à le lire.

Profitez de votre séjour à Nha Trang pour visiter le musée de Yersin et sa maison dans les montagnes!

Merci pour votre attention!

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