Littérature vietnamienne: Tout ce qu’il faut savoir
Résumé du contenu
La littérature vietnamienne est un pilier fondamental de la culture et de l’histoire du Vietnam. Elle reflète l’évolution d’un peuple marqué par les traditions, les influences étrangères, les bouleversements historiques et les profondes mutations sociales. Des récits oraux ancestraux aux grandes œuvres poétiques classiques, des romans modernes nés au XXe siècle à la littérature vietnamienne contemporaine reconnue à l’international, cet héritage littéraire offre une lecture précieuse de l’identité vietnamienne. Façonnée par le confucianisme, le bouddhisme, l’héritage chinois puis la période coloniale française, la littérature vietnamienne aborde des thèmes universels tels que la mémoire, la guerre, la famille, la spiritualité et le rapport à la nature. À travers ses auteurs majeurs et ses œuvres emblématiques, elle permet de mieux comprendre l’histoire du Vietnam et la sensibilité de sa société.
Dans cet article, vous découvrirez tout ce qu’il faut savoir sur la littérature vietnamienne : ses origines, son évolution, ses grands courants, ses écrivains incontournables et les textes qui ont marqué durablement la culture vietnamienne.
Qu’est-ce que la littérature vietnamienne?
La littérature vietnamienne désigne l’ensemble des œuvres orales et écrites produites par le peuple vietnamien au fil de son histoire. Elle englobe aussi bien les légendes et récits populaires transmis de génération en génération que les textes poétiques, philosophiques et narratifs rédigés dans différents systèmes d’écriture. Véritable expression de l’identité nationale, la littérature vietnamienne témoigne des valeurs, des croyances et des transformations sociales qui ont façonné le Vietnam au cours des siècles.
Occupant une place centrale dans la culture vietnamienne, la littérature a longtemps été un moyen de transmission du savoir, de la morale et de la mémoire collective. Elle accompagne la vie quotidienne, les rites, l’éducation et les grandes étapes de l’histoire nationale. Les œuvres littéraires ont servi à préserver les traditions, à exprimer la résistance face aux épreuves et à renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté.
La transmission orale et écrite constitue l’un des fondements de la littérature vietnamienne. Avant la généralisation de l’écriture, les contes, les chants populaires, les proverbes et les poèmes étaient transmis oralement, notamment dans les villages ruraux. Par la suite, le développement de l’écriture en Hán, puis en Nôm et enfin en quốc ngữ, a permis de fixer ces récits et de donner naissance à une production littéraire plus diversifiée et accessible.
Enfin, la littérature vietnamienne s’est construite sous l’influence de courants multiples. L’héritage chinois a profondément marqué la pensée et les formes littéraires classiques, tandis que le confucianisme et le bouddhisme ont imprégné les thèmes moraux et spirituels. La période coloniale française a introduit de nouveaux genres, comme le roman moderne, avant que les courants contemporains n’ouvrent la littérature vietnamienne à des voix plus personnelles, critiques et universelles.
Origines et évolution historique de la littérature vietnamienne
L’évolution de la littérature vietnamienne s’inscrit dans une histoire longue, marquée par des transmissions orales, des influences étrangères, des ruptures politiques et des transformations sociales majeures. Chaque période a contribué à façonner une production littéraire riche, reflet de l’identité et de la mémoire collective du Vietnam.
Avant Xe siècle
La littérature vietnamienne avant Xe siècle n’était pas forcément développée mais c’était un socle pour la littérature aux siècles suivants. Il s’agissait principalement de littérature bouddhiste, des textes religieux. Certains chercheurs ont découvert que le nombre d’auteurs et d’oeuvres n’était pas nombreux, pourtant ses oeuvres ont contribué à l’apparition d’une nouvelle période littéraire.
Du Xe au XIXe siècle
Le choix d’écrire en chinois ou en « chữ Nôm » a donné aux auteurs un large éventail de possibilités formelles et thématiques.
Parmi eux le luc-bat est une méthode pour faire de la poésie, la technique consiste à écrire une première ligne de 6 syllabes et la seconde ligne avec 8 syllabes. On poursuit le poème selon ce processus (six-huit).
Par la suite, le lüshi (poème régulier) est devenu l’expression lyrique préférée des écrivains. Avec le lushi, il y a autant de syllabes dans chaques lignes.
Cette dernière forme a atteint des sommets esthétiques au 19ème siècle, avec des poètes tels que l’auteur Ho Xuan Huong, qui composait des poèmes de vers réglementés qui étaient des doubles sens complets, remplis de jeux de mots tonaux.
Une grande partie de la littérature a été produite par des moines bouddhistes de l’école de Zen. Aux 10e et 11e siècles, une collection de biographies bouddhistes et de versets intitulée « Thien uyen tap anh »(littéralement «Fleurs du jardin de Zen», comprenait des œuvres de moines célèbres tels que Van Hanh, Man Giac, Vien Chieu, etc.
À la fin du XIIIe siècle, avec la secte bouddhiste Truc Lam («forêt de bambous») sous le patronage du roi Tran Nhan Tong, cette marque de bouddhisme, en tant que religion d’État, était toujours la principale influence de la littérature. Cependant, alors que le confucianisme est devenu un outil de plus en plus fiable pour gouverner et défendre le Vietnam, le lieu du talent littéraire s’est progressivement déplacé vers les hauts fonctionnaires de la cour et les hommes d’État tels que Nguyen Trai au XVe siècle ou Nguyen Binh Khiem au XVIe.

Au XIXe siècle, Nguyen Du était le plus célèbre poètes dans cette période avec son « Truyen Kieu » (Le conte de Kieu). Écrit en « chữ Nôm » avec 3 253 phrases luc-bat de la tradition folklorique orale, « Le conte de Kieu » est considéré comme l’œuvre littéraire vietnamienne la plus importante qui raconte les préoccupations pour la liberté individuelle et les sentiments du destin lié au karma.
Au premier moitié du XIXe siècle, la société et la culture du Vietnam ont été affectées par la civilisation occidentale à travers le colonialisme français.
Certaines autres œuvres : « Grande Proclamation de la pacification des Chinois » – Nguyễn Trãi, « Édit sur le transfert de la capitale » – Lý Công Uẩn.

De 1900 à 1930
Le processus d’urbanisation au début du XXe siècle au Vietnam avait créé l’apparition des maisons d’édition, de journaux et de magazines. Le rôle de la vie culturelle et spirituelle était passé du savant confucéen aux intellectuels occidentaux. Ce fait a conduit la littérature vietnamienne à une première étape de modernisation durant les trois premières décennies du XXe siècle.
Au cours de ces trois premières décennies, on a connu certains changements importants pour que la littérature ait plus de succès. C’était du chinois à l’alphabet latin, de l’écriture à l’impression,…
Cette période est considérée comme la période de transition, de la période médiévale à la période de la littérature moderne.
Certaines autres œuvres : « Tố Tâm » – Hoàng Ngọc Phách, « Qui pourrait faire ça ? » – Hồ Biểu Chánh

De 1930 à 1945

Il y a eu un essor dans la littérature vietnamienne de 1930 à 1945. Les érudits vietnamiens apprécient hautement les grandes changements de cette période.
La littérature vietnamienne à cette époque peut être divisée en trois catégories:
– La première était la catégorie romantique dans laquelle le contenu principal exprimait l’ego des écrivains.
– Ensuite: c’est la littérature réaliste qui décrivait les faits de la vie, en particulier la réalité de la classe ouvrière qui étaient la majorité de la société.
– La dernière s’appelait «littérature révolutionnaire» ou «littérature de résistance». Elle est écrite par les prisonniers vietnamiens du colonialisme français. Cette catégorie décrivait le processus de lutte des combattants pour l’indépendance du Vietnam.
C’est pourquoi de nombreux romans et nouvelles écrites à cette époque ont été choisis pour les programmes d’études. Ils étaient très utiles pour enseigner l’histoire et la littérature vietnamiennes avec des valeurs historiques et culturelles
Certaines œuvres : « Quand la lampe s’éteint » – Ngô Tất Tố, « Le fabuleux destin de Xuan le Rouquin » – Vũ Trọng Phụng
De 1945 à 1975
Après la «Révolution d’août» pour déclarer l’indépendance du pays en 1945, le Vietnam a entamé un nouveau processus historique. Pendant ce temps, la politique a sérieusement affecté la littérature. Sous l’orientation du Parti communiste vietnamien, la littérature vietnamienne doit servir la politique. La littérature encourageait l’esprit de combat des gens dans la lutte contre les Français et les Américains. Dans cette époque, les oeuvres ont été composées principalement dans le contexte de guerres.
En 1945, plus de 90% de la population vietnamienne était analphabète. Cependant, un grand groupe d’écrivains qui étaient auparavant des agriculteurs et des travailleurs analphabètes a été formé, ce qui est considéré comme un accomplissement dans la littérature nationale.
Certaines oeuvres : « Le pays » – Nguyễn Đình Thi, « Soldats » – Chính Hữu
De 1975 à aujourd’hui:

Dès 1975, la littérature vietnamienne poursuit son développement. A partir de 1986, avec le processus du «Đổi Mới» (Renouveau), la littérature vietnamienne avait changé de nature. C’était pour mieux s’adapter à la vie de l’après-guerre. Le public s’intéresse davantage aux œuvres sur la vie rurale, la vie des jeunes vietnamiens aujourd’hui et la culture vietnamienne.
Les lecteurs étrangers se familiarisent avec des écrivains contemporains comme Bao Ninh, Nguyen Nhat Anh, Nguyen Ngoc Tu, etc. Par exemple, le «ticket de retour à l’enfance» de Nguyen Nhat Anh a été traduit en thaï en 2011 et traduit en coréen en 2013. En 2014, le livre a été traduit en anglais et présenté aux américains. Le poète Mai Van Phan a créé un phénomène avec cinq poèmes traduits et promus à l’étranger par un éditeur britannique.
Ces dernières années, plusieurs auteurs vietnamiens ont reçu des prix internationaux pour leurs traductions littéraires.
Certaines œuvres : « Le trace d’un soldat » – Nguyễn Minh Châu, « Quand arrive le printemps » – Hữu Thỉnh
Les composantes de la littérature vietnamienne
Littérature orale vietnamienne (văn học dân gian)
La tradition de la littérature orale vietnamienne trouve ses origines dans les communautés agricoles. La poésie orale était particulièrement répandue dans les campagnes, où elle prenait la forme de prières, de chants et de poèmes destinés à souhaiter de bonnes récoltes. On croyait alors que plus la prose était belle, plus la récolte serait abondante. C’est dans ce contexte que sont apparus les premiers poètes populaires.
Aujourd’hui encore, la littérature orale exerce une influence importante sur la poésie vietnamienne contemporaine. Les thèmes abordés et le choix des mots traduisent un attachement profond à la terre natale et à la vie rurale. Dans la tradition orale, la poésie lyrique chantée à la première personne est appelée ca dao (« ballades folkloriques »). Les récits chantés à la troisième personne prennent la forme du ca trù (« chants de cérémonie ») dans le Nord et du vọng cổ (« échos du passé ») dans le Sud.
Ơn trời mưa nắng phải thì
Nơi thì bừa cạn, nơi thì cày sâu
Công lênh chẳng quản ai đâu
Ngày nay nước bạc, ngày sau cơm vàng.
Traduction:
« Que le ciel nous accorde pluie et soleil favorables,
Que le labour et le travail portent leurs fruits,
Que nos efforts ne soient pas vains,
Aujourd’hui l’eau est claire, demain le riz sera doré. »
Littérature écrite vietnamienne (văn học viết)
La littérature écrite vietnamienne regroupe les œuvres individuelles créées par des auteurs identifiables et consignées par écrit. Elle permet une expression plus personnelle et une élaboration esthétique plus structurée que la tradition orale.
Au cours de son histoire, la littérature écrite vietnamienne s’est développée à travers plusieurs systèmes d’écriture :
- le chữ Hán (caractères chinois classiques), utilisé dans la littérature savante et officielle
- le chữ Nôm (écriture vietnamienne vernaculaire), permettant de transcrire la langue parlée
- le quốc ngữ (alphabet vietnamien romanisé), largement diffusé à partir du XXe siècle
Ces systèmes ont façonné l’évolution des formes et des contenus littéraires.
La littérature écrite vietnamienne couvre un large éventail de genres, notamment :
- la poésie
- la prose narrative (chroniques, nouvelles, romans)
- les essais
- le théâtre
Ces genres reflètent les transformations historiques, sociales et culturelles du Vietnam.
La littérature orale et la littérature écrite ont coexisté tout au long de l’histoire vietnamienne. La tradition orale a longtemps nourri l’inspiration des écrivains et influencé les formes poétiques et narratives. De nombreuses œuvres écrites, notamment en chữ Nôm, s’inspirent directement des thèmes, des motifs et des rythmes de la littérature orale. Cette interaction constante contribue à la continuité et à la richesse de la littérature vietnamienne.
Certaines œuvres populaires dans la littérature vietnamienne
«Lão Hạc» (M. Hac, Le pauvre vieil homme) (1943 – l’auteur Nam Cao)
M.Hac était un pauvre fermier. Sa femme est décédée et il n’avait qu’un jardin et un fils. Faute d’argent pour épouser sa femme, le fils était déçu et a quitté la maison. Depuis lors, M. Hac a vécu avec le chien. Mais après, il devait même vendre son chien pour avoir un peu de l’argent pour son fils. Il a envoyé cet argent au voisin qui était enseignant, puis a demandé à Binh Tu, un autre voisin, un peu de poison au chien. Puis soudain, M. Hac est décédé. Personne ne connaissait la raison, sauf le professeur et Binh Tu…

« Vợ chồng A Phủ » (M. et Mme A Phu) (1952 – l’auteur Tô Hoài)
My – une belle jeune fille pauvre a été kidnappée et arrêtée pour devenir la belle-fille de Pa Tra – le chef du village. Elle devait travailler très dur chez Pa Tra. A Phu était un pauvre jeune homme mais courageux qui devait payer une amende à la famille de Pa Tra. Sans argent, A Phu devenait le serviteur de Pa Tra. Une fois A Phu a commis une erreur, ainsi il était attaché devant la maison. La nuit, My ne pouvait pas dormir parce qu’elle avait froid et elle a vu que A Phu était sur le point de mourir. Elle s’est détachée pour lui et tous les deux s’échappaient de la famille de Pa Tra.

Conclusion
La littérature vietnamienne constitue un patrimoine culturel majeur, reflet fidèle de l’histoire, des valeurs et de la sensibilité du peuple vietnamien. Issue d’une tradition orale ancienne, elle s’est progressivement enrichie à travers l’évolution des systèmes d’écriture, tout en conservant un lien profond avec la vie sociale, rurale et spirituelle du Vietnam. Au fil des siècles, la littérature vietnamienne a accompagné les grandes étapes de l’histoire nationale: affirmation de l’identité culturelle, résistance aux dominations étrangères, luttes pour l’indépendance, guerres, puis renouveau et ouverture internationale. La poésie, le roman, le théâtre et les récits témoignent tour à tour de la souffrance humaine, du patriotisme, de l’humanisme et de la résilience collective.
Aujourd’hui, la littérature vietnamienne contemporaine s’inscrit pleinement dans le paysage littéraire mondial. Grâce aux traductions, de nombreuses œuvres sont désormais accessibles aux lecteurs étrangers, offrant une compréhension plus intime du Vietnam, au-delà des clichés historiques ou touristiques. Découvrir la littérature vietnamienne, c’est explorer une culture vivante et plurielle, où l’oralité et l’écrit, le passé et le présent, le collectif et l’individuel dialoguent en permanence. Elle demeure ainsi un vecteur essentiel de mémoire, d’identité et de création, indispensable pour comprendre la profondeur culturelle du Vietnam.
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