Histoire du Vietnam : des origines aux temps modernes
Résumé du contenu
Dramatique et héroïque, l’histoire du Vietnam a profondément marqué le monde entier. Connue pour ses nombreuses guerres et ses multiples occupations coloniales, elle témoigne de grandes souffrances. Mais l’histoire du Vietnam est aussi jalonnée de réussites qui font la fierté du peuple vietnamien. Depuis toujours, le peuple vietnamien n’a jamais cessé de repousser l’envahisseur et d’aspirer à la liberté ainsi qu’à l’indépendance. Cette indépendance fut officiellement reconnue le 2 septembre 1945, jour où le président Hô Chi Minh proclama la Déclaration d’indépendance. Ce fut le début d’une nouvelle page de l’histoire du pays : une ère d’indépendance et de liberté. Nous ne prétendons pas ici présenter un développement exhaustif de l’histoire du Vietnam. Cet article propose simplement les grandes lignes de l’histoire du pays, résumées, qui l’ont conduit à devenir une nation indépendante et souveraine.

Le pont Long Bien, témoin silencieux de tant d’époques de l’histoire du Vietnam
La période semi-légendaire (–1000 av. J.-C.)
À partir de 1000 ans avant Jésus-Christ.
Il faut savoir que le premier document historique connu relatant les faits de l’histoire du Vietnam ne remonte qu’à 1339 après Jésus-Christ. Jusqu’alors, faute de documentation écrite, l’histoire du Vietnam se transmettait oralement, mêlant réalité et légendes.
Voici donc les prémices de l’histoire du Vietnam : une légende qui remonte à la nuit des temps.
À en croire les annales, le roi Lac Long Quân, illustre descendant des Hông Bàng, issu de la lignée des dragons — animal fabuleux des mers du Sud et considéré comme le totem majeur des premiers Viêt — épousa une immortelle nommée Âu Cơ, descendante des génies de la montagne.
De cette union naquirent cent garçons, tous beaux et forts. Après cet heureux événement, le prince et la fée, conscients de la fugacité de l’existence et de la brièveté inéluctable du bonheur humain, décidèrent de se séparer. Âu Cơ partit alors vers la montagne avec cinquante de leurs enfants, tandis que les autres suivirent leur père vers les rivages des mers du Sud.
Cette dissémination aurait permis la naissance des cent régions du Vietnam (Bách Viêt), réparties sur une zone très vaste comprise entre le Fleuve Rouge au nord, le Champa au sud, la mer de Chine méridionale à l’est et le Tseu Tchouan à l’ouest. De toutes ces principautés, la plus dynamique et la mieux organisée semblait être le Lac Viêt, ou Văn Lang, littéralement « le pays des lettrés », dont l’étendue correspondait à l’actuel nord du Vietnam jusqu’à la partie septentrionale du centre du pays.

An Dương Vương – Roi mythique d’Âu Lạc, dont la statue perpétue la mémoire du souverain visionnaire et du destin tragique de Cổ Loa
La légende laisse place à l’histoire à partir de 257 av. J.-C. Le roi An Dương Vương, un souverain chinois, descendant des Thục, régnait sur le royaume de Tây Âu (l’actuel Yunnan, en Chine). Furieux de s’être vu refuser la main d’une princesse vietnamienne, il leva une armée et entreprit l’annexion du Lạc Viêt. Il en fit le royaume d’Âu Lạc (raccourci de Tây Âu et Lạc Viêt). Le roi An Dương régna jusqu’en 208 av. J.-C., grâce notamment à la protection d’une citadelle en forme de spirale, appelée Loa Thành.
En 206 av. J.-C., le général chinois Zhao Tuo, appelé par les Vietnamiens Triệu Đà, renversa le roi An Dương. Surnommé le « Général Triệu Đà », il régnait sur le Nam Viêt, l’une des cent principautés viêt de la zone côtière située au nord-est de l’actuel Tonkin. Il soumit le royaume d’Âu Lạc grâce à un subterfuge matrimonial : un mariage arrangé entre son fils Trọng Thủy et la princesse Mỵ Châu, fille du roi An Dương, permit la conquête de la citadelle aux neuf enceintes, réputée jusqu’alors inviolable. Zhao Tuo fonda la dynastie des Yuè du Sud, ou dynastie Triệu, et se proclama roi du Nam Viêt. Cette dynastie régna jusqu’en 111 av. J.-C., date marquant l’établissement de la première domination chinoise dans l’histoire du Vietnam.
La domination chinoise (111 av. J.-C. – 939 ap. J.-C.)
Ce fut alors la longue nuit de l’histoire du Vietnam, une nuit de dix siècles au cours desquels la civilisation chinoise s’implanta solidement dans le pays. Il y eut, certes, de nombreux soulèvements — ceux des sœurs Trưng (39–43 ap. J.-C.), de Triệu Ẩu (248), de Lý Bôn (544) ou encore de Phùng Hưng (791) — mais la plupart furent rapidement réprimés, ou ne connurent qu’un succès éphémère. La domination chinoise, qui dura environ mille ans (de 111 av. J.-C. à 938 ap. J.-C.), peut être divisée en quatre périodes distinctes:
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Première domination chinoise (111 av. J.-C. – 43 ap. J.-C.)
En 111 avant J.-C., le général chinois Lü Bode (Lô Bác Đức) conquiert le royaume de Nam Viêt, mettant fin à l’indépendance de cet État fondé par Triệu Đà. La région est alors intégrée à l’empire des Han et placée sous un protectorat chinois, connu sous le nom de Giao Chỉ (actuel Tonkin).
Sous cette domination, la Chine impose son administration, son système fiscal et sa culture, amorçant une première phase de sinisation du pays. Toutefois, les habitants conservent une forte conscience identitaire et opposent une résistance sporadique à l’occupation.

Les sœurs Trưng – héroïnes de la résistance vietnamienne contre la domination chinoise (40–43 apr. J.-C.).
Entre 39 et 43 ap. J.-C., éclate la célèbre révolte des sœurs Trưng, Trưng Trắc et Trưng Nhị, filles d’un chef local. À la tête d’une vaste insurrection, elles parviennent à chasser les autorités chinoises et à gouverner pendant trois ans. Leur défaite face aux troupes du général Ma Viên (Mã Viện) met fin à ce bref épisode d’indépendance, mais leur courage en fait les premières héroïnes nationales du Vietnam, symboles de la résistance et de la fierté du peuple vietnamien.
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Deuxième domination chinoise (44 – 543 ap. J.-C.)
Après la répression sanglante de la révolte des sœurs Trưng, le territoire vietnamien retombe sous la domination de la Chine pour près de cinq siècles. Cette période voit l’installation de puissants gouverneurs chinois, tels que Tích Quang et Sĩ Nhiếp, considérés comme des « administrateurs civilisateurs ». Ils introduisent le modèle administratif, les rites confucéens et l’écriture chinoise, amorçant un profond processus de sinisation.
Le pays, alors appelé Giao Chỉ, puis Giao Châu, est intégré à l’empire chinois et devient un centre régional de culture et de commerce. Cependant, malgré cette influence, la population locale conserve une identité propre et nourrit un fort sentiment d’autonomie.
C’est également durant cette époque que se forme au centre du Vietnam le royaume de Lâm Ấp, ancêtre du futur Champa. Les relations entre Giao Châu et Lâm Ấp oscillent entre échanges et conflits, les autorités chinoises menant de nombreuses campagnes militaires contre ce nouveau royaume.
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Dynastie des Lý antérieurs (544 – 602)
Au milieu du VIᵉ siècle, dans un contexte de domination chinoise intermittente, Lý Bí, connu sous le nom de règne Lý Nam Đế, se soulève contre les envahisseurs et fonde une dynastie éphémère mais symbolique : celle des Lý antérieurs. Il proclame la création du royaume de Vạn Xuân, « Dix mille printemps », un nom porteur d’espoir et de renaissance pour le peuple vietnamien.
Cette période, marquée par des luttes constantes contre la Chine et par l’émergence de plusieurs dynasties locales rivales (Triệu postérieurs, Lý postérieurs), demeure confuse et instable. Selon la légende, Lý Nam Đế mena son ultime résistance héroïque au “lac de la Nuit” (Hồ Tụy Động), avant que la région ne retombe sous la domination chinoise en 602.
Malgré sa brièveté, cette première tentative d’indépendance durable reste un symbole fondateur du patriotisme vietnamien et de la volonté d’affirmation nationale.
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Troisième domination chinoise (603 – 938)
Nouvelle période de domination chinoise. Le pays porta les noms d’An Nam đô hộ phủ (« Protectorat général d’Annam ») et de Trấn Nam đô hộ phủ (« Protectorat général du Sud »).
Sous les Tang (618–907 et 923–936), le Tonkin fut profondément marqué par le gouverneur Cao Biền, la fondation de Đại La et une forte organisation administrative.
Cependant, de nombreux soulèvements populaires éclatèrent, annonçant la victoire de Ngô Quyền sur le fleuve Bạch Đằng en 939, qui mit fin à dix siècles de domination chinoise.
Les grandes dynasties nationales (939 – 1945)
Retour à l’indépendance nationale (939)
Il faut attendre le Xe siècle pour voir s’achever près d’un millénaire de domination chinoise. La victoire éclatante du fleuve Bạch Đằng, remportée par Ngô Quyền en 939, marque un tournant décisif dans l’histoire du Vietnam : pour la première fois, le pays retrouve pleinement son indépendance.
Ngô Quyền fonde alors la première dynastie nationale, jetant les bases d’un pouvoir central vietnamien autonome. À partir de ce moment, l’histoire du Vietnam s’organise autour d’une succession de dynasties, chacune contribuant à la construction, la consolidation et l’expansion du royaume.
Pendant près de dix siècles, huit dynasties se succèdent sur le trône du Đại Việt, animées par la même volonté de défendre l’identité nationale et d’assurer la continuité du pouvoir.
Dynastie des Ngô (939 – 967)
Après des siècles de domination chinoise, Ngô Quyền remporte en 938 la célèbre victoire du fleuve Bạch Đằng, qui met définitivement fin à l’emprise de la Chine sur le Vietnam. Il fonde l’année suivante la dynastie des Ngô et établit la capitale à Cổ Loa, dans le nord du pays.

Ngo Quyen (939) – Le héros qui mit fin à mille ans de domination chinoise et fonda la première dynastie indépendante du Vietnam
Ce règne marque le retour de l’indépendance nationale et la naissance d’un pouvoir vietnamien autonome. Cependant, après la mort de Ngô Quyền en 944, le royaume sombre dans l’anarchie : plusieurs chefs locaux se disputent le pouvoir, entraînant la division du territoire en douze fiefs rivaux.
Cette période, connue sous le nom de “Loạn Thập nhị Sứ quân” – la rébellion des douze seigneurs – ne prendra fin qu’avec la réunification du pays par Đinh Bộ Lĩnh, futur fondateur de la dynastie des Đinh.
Dynastie des Đinh (968 – 980)
Après des décennies de guerres féodales qui suivirent la fin de la domination chinoise, Đinh Bộ Lĩnh parvient à unifier le pays et fonde la première monarchie véritablement indépendante du Vietnam. Couronné sous le nom de Đinh Tiên Hoàng (963–979), il établit sa capitale à Hoa Lư (province actuelle de Ninh Bình) et proclame le Đại Cồ Việt, premier nom officiel du royaume vietnamien indépendant.

Đinh Tiên Hoàng – Premier empereur du Đại Cồ Việt, symbole de l’unité nationale
Son règne marque le retour de la souveraineté nationale et la mise en place des premières structures administratives et militaires d’un État centralisé. Malgré sa courte durée, la dynastie des Đinh constitue une étape fondatrice dans la construction politique du Vietnam et dans l’affirmation de son identité indépendante face à la Chine.
Dynastie des Lê antérieurs (980 – 1009)
Lê Đại Hành (chữ Hán : 黎大行 ; nom personnel : Lê Hoàn, 10 août 941 – 18 avril 1005) fut le fondateur de la dynastie des Lê antérieurs, une étape décisive dans la consolidation de l’indépendance vietnamienne.
À la suite de la chute de la dynastie des Đinh, Lê Hoàn prit le pouvoir, rétablit l’unité du royaume et repoussa victorieusement les invasions de la dynastie Song venues de Chine, réaffirmant ainsi la souveraineté du Đại Cồ Việt. Souverain énergique et stratège habile, il mena également plusieurs campagnes victorieuses contre le Champa, consolidant les frontières méridionales du pays.

Lê Đại Hành – Le souverain guerrier qui fit triompher le Đại Cồ Việt sur les invasions et assura la stabilité du jeune royaume indépendant
Son règne fut consacré à la pacification des troubles internes, à la réorganisation de l’administration et à la stabilisation du pouvoir central, jetant les bases d’un État structuré et durable. Bien que brève, la dynastie qu’il fonda inaugura une ère de stabilité politique et de fierté nationale, préparant le terrain pour les grandes dynasties vietnamiennes qui marqueront les siècles suivants.
Dynastie des Lý (1010 – 1225)
Fondée par Lý Thái Tổ (Lý Công Uẩn, 974 – 1028), la dynastie des Lý ouvre une ère de prospérité et de stabilité durable dans l’histoire du Vietnam. En 1010, le souverain transfère la capitale à Thăng Long, l’actuelle Hanoï, marquant le début symbolique d’un royaume organisé et tourné vers l’avenir.

Lý Thái Tổ (974 – 1028) – Fondateur de la dynastie des Lý et du royaume du Đại Việt. En 1010, il transféra la capitale à Thăng Long, l’actuelle Hanoi
Sous les Lý, le pays consolide son unité territoriale et politique. Les souverains poursuivent la défense du territoire face à la Chine et au royaume du Champa, tout en développant une administration centralisée, une armée structurée et une économie en expansion.
Le bouddhisme, religion d’État, connaît alors un essor remarquable et imprègne profondément la culture, l’art et la vie intellectuelle du Đại Việt. De grands ouvrages hydrauliques, temples et pagodes voient le jour, témoignant de la prospérité du royaume.
En 1054, le pays prend officiellement le nom de Đại Việt, symbole de grandeur et d’indépendance. Cette appellation perdure jusqu’en 1164, avant que le royaume ne soit reconnu sous le nom d’Annam, titre conservé jusqu’en 1802.
Dynastie des Trần (1225 – 1400)
La dynastie des Trần succède à celle des Lý et poursuit l’œuvre d’unification et de consolidation du Đại Việt. Sous leur règne, le pays connaît une période de prospérité économique et culturelle, marquée par le renforcement de l’administration, le développement du commerce et des arts, ainsi que la diffusion du bouddhisme.
Les Trần se distinguent surtout par leurs victoires éclatantes face aux invasions mongoles au XIIIᵉ siècle. Trois fois, les armées du Đại Việt repoussent les offensives de l’empire mongol, notamment grâce au génie militaire du maréchal-prince Trần Hưng Đạo, figure légendaire et héros national.

Surplombant la mer à Quy Nhơn, la statue sacrée de Trần Hưng Đạo relie la terre, le ciel et les flots – un hommage à l’esprit invincible du Vietnam
Malgré des tensions internes et un affaiblissement progressif à la fin du XIVᵉ siècle, la dynastie des Trần laisse l’image d’un âge d’or du patriotisme et de la résilience vietnamienne. Durant cette période, le pays conserve le nom d’Annam (1164 – 1802), sous lequel il est reconnu dans les échanges diplomatiques.
Dynastie des Hồ (1400 – 1407)
En 1400, Ho Quy Ly renverse la dynastie Trần et s’empare du trône, fondant la dynastie des Hồ. Réformateur ambitieux, il tente de moderniser l’administration, la monnaie et le système éducatif, tout en cherchant à renforcer le pouvoir central. Cependant, ses réformes brutales et son accession controversée au pouvoir provoquent de fortes résistances internes. Le pays, plongé dans le chaos politique et social, devient vulnérable aux ambitions de la Chine voisine. Profitant de cette instabilité, la dynastie Ming intervient militairement en 1407, mettant fin à la courte existence du régime des Ho.
Domination chinoise des Ming (1407 – 1427)

Sous l’occupation des Ming, le Vietnam subit une politique d’assimilation forcée : destruction des archives, interdiction de la langue vietnamienne et pillage des trésors culturels
Après la chute de la dynastie des Ho, les armées de la dynastie Ming envahissent le Đại Việt et imposent leur domination pendant vingt ans. Le territoire, rebaptisé « Giao Chỉ », est administré comme une province de l’empire chinois. Cette période se caractérise par une politique d’assimilation culturelle, la destruction de nombreuses œuvres vietnamiennes et l’exploitation des ressources locales. Malgré la répression, l’esprit national ne disparaît pas et prépare la voie à la résistance menée par Lê Lợi, fondateur de la dynastie suivante.
Dynastie des Lê (1428 – 1789)
Partant de Lam Sơn (province de Thanh Hóa), Lê Lợi mène une lutte héroïque de dix années contre l’occupation chinoise des Ming. En 1428, il triomphe et fonde la dynastie des Lê, inaugurant l’une des périodes les plus durables et influentes de l’histoire vietnamienne.

Lê Lợi – Le héros de Lam Sơn qui libéra le pays de l’occupation chinoise et posa les fondations d’un Vietnam fort et indépendant
Sous les premiers souverains, notamment Lê Thánh Tông (1460–1497), le royaume atteint un haut degré d’organisation et de stabilité. L’administration, l’armée et la justice sont codifiées avec rigueur dans le code des Lê, tandis que la culture et les lettres connaissent un essor remarquable. De grandes œuvres historiques, géographiques et littéraires voient le jour, rédigées en caractères chinois ou en écriture démotique nôm.
Le confucianisme s’impose comme idéologie d’État, renforçant le rôle des lettrés et des concours mandarinate. Parallèlement, le christianisme fait son apparition avec les missionnaires européens, tandis que les premiers contacts commerciaux avec l’Occident s’intensifient. Au XVIIᵉ siècle, le missionnaire Alexandre de Rhodes met au point le système de transcription quốc ngữ, à l’origine de l’écriture vietnamienne moderne.
Sur le plan territorial, les Lê consolident la victoire définitive sur le Champa et amorcent une expansion vers le Sud (Nam Tiến), notamment par des alliances dynastiques où des princesses vietnamiennes épousent des souverains du Champa et du Tchen-La (Cambodge).
Cependant, à partir du XVIᵉ siècle, le pouvoir royal s’affaiblit, laissant place à une longue guerre de factions entre les seigneurs Trịnh au Nord et les seigneurs Nguyễn au Sud, prélude à la division politique du pays avant l’avènement de la dynastie suivante.
Dynastie des Nguyễn (1802 – 1945)
Gia Long, après avoir défait les seigneurs du Nord et la dynastie des Tây Sơn (1788–1802), fonda la dynastie des Nguyễn. Le royaume prit alors le nom de Viêt Nam de 1804 à 1820, puis de Đại Nam à partir de 1820.
Le Viêt Nam aurait pu connaître quelques siècles de répit sans la rivalité, plusieurs fois séculaire, entre les seigneurs Trịnh au Nord et les seigneurs Nguyễn au Sud, qui défiaient l’autorité des rois Lê et constituèrent deux fiefs indépendants au détriment de l’unité nationale. Ces rivalités mirent le pays à feu et à sang dès 1627 et durèrent jusqu’en 1775, date à laquelle ces deux familles tombèrent en décadence.

Quang Trung – Le stratège visionnaire des Tây Sơn qui unifia le Vietnam et repoussa les armées mandchoues, symbole du courage et du patriotisme vietnamien
Heureusement, l’esprit qui animait les premiers Viêt demeura intact. Dans les moments les plus critiques de l’histoire, des patriotes clairvoyants apparurent toujours au bon moment pour rétablir l’unité du pays. C’est ainsi que, du sein de la paysannerie, surgirent les frères Tây Sơn, qui profitèrent des divisions internes pour lever l’étendard de la libération. Ils chassèrent à la fois les Nguyễn et mirent en fuite le dernier souverain des Lê. L’un d’eux, Nguyễn Huệ, se proclama empereur sous le nom de Quang Trung, et, avec lui, le pays retrouva son unité première. Malheureusement, il mourut en 1792, sans pouvoir assurer la pérennité de sa dynastie.
Réunification
Entre-temps, dans le Sud, Nguyễn Ánh, successeur des seigneurs Nguyễn, reprit la lutte contre les Tây Sơn, alors affaiblis, et parvint en 1801 à unifier à nouveau le pays après vingt-sept années de guerre. Il se proclama empereur en 1802 et prit comme nom de règne Gia Long, contraction de Gia Định (Basse-Cochinchine) et de Thăng Long (capitale du Nord Viêt Nam).

Gia Long – Le souverain bâtisseur qui relia le Sud et le Nord, faisant naître un Vietnam unifié entre Gia Định et Thăng Long
Il adopta le nom national de Viêt Nam, pour bien signifier que le royaume englobait à la fois les territoires de l’ancien Annam (le Tonkin proprement dit) et du Viêt Thường, correspondant à l’ancien Champa, auquel s’ajoutait la Basse-Cochinchine. À partir du règne de Gia Long, le Viêt Nam connut une brève période de paix, bientôt interrompue, dans la seconde moitié du XIXᵉ siècle, par l’irruption des escadres françaises dans ses eaux territoriales.
Les souverains de la dynastie des Nguyễn
- Gia Long (1802–1819)
Premier empereur de la dynastie Nguyễn dans l’histoire vietnamienne. De son nom de naissance Nguyễn Phúc Ánh (ou Thánh Tổ Gia Long), né à Huế en 1759, neveu cadet du seigneur de Hué Định Vương, il est considéré comme le fondateur du Viêt Nam moderne. Il eut 31 enfants (13 fils et 18 filles).
- Minh Mạng (1820–1840)
De son nom Nguyễn Phúc Đảm, né en 1791, quatrième fils de Gia Long. Législateur rigoureux, il mena une politique à l’opposé de celle de son père : anti-européenne et anti-chrétienne.

Minh Mạng – Empereur des Nguyễn, symbole de rigueur et d’ordre impérial
En 1825, il promulgua les premiers édits de persécution contre les chrétiens et adopta une politique centralisatrice. Prince éclairé, actif et administrateur talentueux, il fit réaliser de nombreux travaux publics et réforma le système éducatif.
Il mourut des suites d’une chute de cheval. Il eut 142 enfants (78 fils et 64 filles), dont les princes Tuy Lý et Tùng Thiện.
- Thiệu Trị (1841–1847)
De son nom Nguyễn Phúc Miên Tông, fils aîné de Minh Mạng, né en 1807. Il poursuivit la politique de son père et mourut d’une attaque d’apoplexie provoquée, dit-on, par la fausse nouvelle que des navires français s’apprêtaient à bombarder les côtes vietnamiennes.

Thiệu Trị – Fils de Minh Mạng, il poursuivit la centralisation du pouvoir tout en protégeant les traditions confucéennes
Monarque conservateur et peu ouvert aux idées réformistes, il se montra résolument hostile à l’influence grandissante des Européens. Il aurait fait détruire les objets d’origine occidentale dans le palais. Sous son règne, le Viêt Nam atteignit sa plus grande extension : en 1846, le Cambodge lui aurait cédé la Cochinchine. Il eut 64 enfants (29 fils et 35 filles).
- Tự Đức (1847–1883)
De son nom Nguyễn Phúc Hồng Nhậm, né en 1829, fils cadet de Thiệu Trị et d’une femme de la province de Gò Công (Cochinchine). Couronné en novembre 1847, il évinça son frère aîné Hồng Bảo, qui mena une révolte en 1848.

Tự Đức (1829 – 1883) – Quatrième empereur des Nguyễn, dernier grand souverain avant la colonisation française
La répression fut sanglante : Tự Đức fit exécuter son frère et toute sa famille. Accusés de complicité, les chrétiens subirent de nouvelles persécutions, offrant à la France et à l’Espagne un prétexte pour intervenir. Son règne fut assombri par le démembrement progressif du pays et par son absence d’héritier — une variole contractée en 1845 l’ayant rendu stérile. Cela expliquera les crises dynastiques qui suivirent.
- Dục Đức (1883)
Fils du prince Thoại Thái Vương (†1877), frère cadet de Tự Đức. Adopté par ce dernier, il lui succéda en juillet 1883, sous le contrôle d’un conseil de régence (Nguyễn Văn Tường et Tôn Thất Thuyết).

Dục Đức (1852 – 1883) – Empereur éphémère des Nguyễn, destitué après trois jours de règne
Trois jours après son avènement, il fut déposé et condamné à mourir de faim, accusé de « débauche » pour n’avoir pas observé les prescriptions du deuil. Emprisonné dans un pavillon de repos de son prédécesseur — depuis appelé pavillon Dục Đức — il y mourut après une semaine. Ce pavillon, situé dans la Citadelle de Hué, fut transformé en pagode commémorative.
- Hàm Nghi (1884–1885)
Né à Hué en 1870, frère de Kiến Phúc, il fut couronné roi d’Annam avec l’assentiment de la France le 2 août 1884, à l’âge de treize ans, sous la tutelle des régents Tường et Thuyết. Lors du guet-apens de Hué (nuit du 4 au 5 juillet 1885), il prit la fuite avec Tôn Thất Thuyết et se réfugia à Cam Lộ, d’où fut dirigé le mouvement Cần Vương (« Soutenir le roi ») contre le protectorat français.

Hàm Nghi – Souverain-artiste et patriote, figure de la jeunesse vietnamienne en lutte pour l’indépendance
Capturé en 1887 après trois ans d’errance dans les montagnes, il fut exilé en Algérie en 1888, où il fut connu comme le Prince d’Annam. Il se maria en 1904 à Alger avec une jeune Française, fille du procureur général. Il mourut en 1947.
- Duy Tân (1907–1916)
Né en 1899, sous le nom de Nguyễn Phúc Vĩnh San. Empereur réformiste et patriote, il tenta de soutenir des mouvements nationalistes, ce qui entraîna sa déposition en 1916 par les autorités coloniales françaises. Exilé en Afrique, il ne renonça jamais officiellement au trône.

En 1987, grâce à la volonté de ses enfants et à l’aide du maire de Paris Jacques Chirac, ses restes mortels furent rapatriés à Hué, où il repose aujourd’hui parmi ses ancêtres. À ce titre, il demeure considéré comme le dernier empereur légitime d’Annam.
- Khải Định (1916–1925)
Né en 1885 sous le nom de Nguyễn Phúc Bửu Đảo, fils unique de Đồng Khánh. Proclamé empereur le 18 mai 1916, à l’âge de 31 ans, dans un contexte politique difficile, il tenta d’affirmer une souveraineté affaiblie par la domination française.

Khải Định (1885 – 1925) – Empereur des Nguyễn sous le protectorat français, connu pour son mausolée mêlant styles oriental et occidental
Cherchant à moderniser le royaume, il supprima les concours mandarinales devenus obsolètes et fut le premier souverain vietnamien à se rendre en France. Ce voyage visait à plaider pour une véritable autonomie du Viêt Nam dans le cadre du protectorat. Frappé d’impuissance, il ne laissa pas d’enfant et mourut en novembre 1925.
- Bảo Đại (1925–1945)
Né en 1913 sous le nom de prince Vĩnh Thụy, fils adoptif de l’empereur Khải Định, Bảo Đại est couronné en juillet 1926, à l’âge de douze ans. Éduqué en France, il incarne une génération de souverains formés à la culture occidentale. Son règne débute officiellement en 1925, mais son autorité reste strictement limitée par l’administration coloniale française, qui le cantonne à un rôle essentiellement symbolique.

Bao Dai – Dernier empereur vietnamien, témoin d’un tournant décisif de l’histoire nationale
En août 1945, dans le contexte de la révolution d’août menée par le Việt Minh, Bảo Đại abdique et accepte la fonction de Conseiller suprême du nouveau gouvernement révolutionnaire. L’année suivante, il s’exile à Hong Kong.
En 1948, la France fait appel à lui pour tenter de rétablir une monarchie constitutionnelle sous le nom d’« État du Viêt Nam », considérant son abdication comme un simple intermède. Cependant, le projet ne rencontre qu’un faible écho au sein de la population vietnamienne.
Après la défaite de Điện Biên Phủ en 1954, la situation politique bascule : soutenu par les États-Unis, Ngô Đình Diệm prend le pouvoir et renverse Bảo Đại à la suite d’un référendum truqué le 23 octobre 1955. L’ancien empereur s’installe définitivement en France, où il mènera une vie discrète. Il conserve toutefois le sceau impérial, symbole de la légitimité dynastique, jusqu’à sa mort à Paris en juillet 1997
La colonisation française (1862 – 1945)
L’instauration du pouvoir colonial français
L’instauration du pouvoir colonial français au Vietnam débute véritablement en 1862, avec la signature du traité de Saïgon, par lequel la France obtient le contrôle de la Cochinchine méridionale.
Au fil des années, la présence française s’étend progressivement vers le Centre (Annam) et le Nord (Tonkin), jusqu’à la formation officielle de l’Union indochinoise en 1887, regroupant le Vietnam, le Laos et le Cambodge.
Cette période marque le début d’une domination politique, économique et culturelle profonde : la France impose son administration, exploite les ressources locales et introduit un modèle éducatif et social inspiré de celui de la métropole.
Cependant, derrière la façade de la “mission civilisatrice”, la colonisation se traduit par une spoliation des terres, une hiérarchisation raciale et une résistance vietnamienne grandissante.
Les résistances vietnamiennes et les mouvements patriotiques
Dès l’installation du pouvoir colonial français, le peuple vietnamien n’a jamais cessé de résister à la domination étrangère.
Des soulèvements populaires aux mouvements intellectuels, la lutte pour l’indépendance prend de multiples formes, traduisant la volonté profonde du pays de retrouver sa souveraineté.
À la fin du XIXᵉ siècle, le mouvement Cần Vương (« Soutenir le roi ») mobilise la noblesse et les lettrés fidèles à la dynastie des Nguyễn contre l’occupation française.
Parallèlement, au début du XXᵉ siècle, émergent deux grandes figures du patriotisme vietnamien :

Réformateur visionnaire et homme de lettres, Phan Bội Châu consacra sa vie à l’indépendance du Vietnam, appelant à l’éveil du peuple face à la domination coloniale
- Phan Bội Châu, fondateur du mouvement Đông Du (Voyage vers l’Est), qui encourage les jeunes Vietnamiens à étudier au Japon pour préparer la lutte anticoloniale ;
- Phan Châu Trinh, partisan d’une réforme pacifique, prônant l’éducation et la modernisation du pays comme moyen d’émancipation.
Les années suivantes voient se développer les sociétés secrètes, les associations nationalistes et les grèves ouvrières, annonçant l’éveil révolutionnaire du peuple vietnamien. Cette effervescence patriotique préparera le terrain pour la naissance du Parti communiste indochinois en 1930, sous l’impulsion de Nguyễn Ái Quốc (Hồ Chí Minh).
L’éveil révolutionnaire : la création du Parti communiste indochinois (1930)

Nguyen Ai Quoc – L’homme qui sema les graines de la liberté vietnamienne, transformant la douleur de la colonisation en un idéal d’émancipation
Au tournant des années 1930, le Vietnam connaît un profond éveil révolutionnaire. Sous l’influence des idéaux marxistes et du contexte international, les mouvements patriotiques vietnamiens se transforment progressivement en forces révolutionnaires organisées. Cette évolution trouve son expression la plus marquante dans la création du Parti communiste indochinois (PCI), fondé en 1930 à Hong Kong par Nguyễn Ái Quốc, plus tard connu sous le nom de Hồ Chí Minh.

Le grand Président Hồ Chí Minh de notre peuple
Ce parti naît de la fusion de plusieurs groupes révolutionnaires :
- l’Association de la jeunesse révolutionnaire du Vietnam,
- le Parti communiste d’Annam,
- et le Parti communiste indochinois du Nord.
Le PCI prône la libération nationale, la réforme agraire et la solidarité entre les peuples d’Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge). Il devient rapidement le fer de lance de la lutte contre le colonialisme français et pose les bases idéologiques de la République démocratique du Vietnam, proclamée quinze ans plus tard, en 1945.
Le Vietnam colonial à travers la culture et le cinéma
La période coloniale française a profondément marqué la culture vietnamienne, en laissant une empreinte à la fois architecturale, linguistique et artistique. Dans les grandes villes comme Hanoï, Saïgon ou Huế, l’influence occidentale se manifeste à travers les bâtiments administratifs, les églises, les théâtres et les boulevards à la française. Cette architecture témoigne d’un mélange entre traditions asiatiques et style européen, symbole d’une époque de domination mais aussi d’échanges culturels.
Sur le plan artistique, la colonisation a introduit l’écriture latine (quốc ngữ), devenue l’alphabet officiel du pays, ainsi que les premières écoles d’art et d’architecture. Parallèlement, les intellectuels vietnamiens ont utilisé la littérature et la presse pour exprimer leur conscience nationale et critiquer le système colonial.
Le cinéma a également immortalisé cette époque. Le film français Indochine (1992), réalisé par Régis Wargnier et interprété par Catherine Deneuve, retrace la vie dans le Vietnam colonial des années 1920 à 1950.
De même, Un Américain bien tranquille (The Quiet American, 2002), adaptation du roman de Graham Greene, évoque la transition du Vietnam de la colonisation à la guerre froide, à travers une histoire d’amour et d’engagement politique.
Ces œuvres témoignent de la mémoire complexe du Vietnam colonial, oscillant entre nostalgie esthétique et drame historique, et contribuent encore aujourd’hui à la compréhension de cette période charnière de l’histoire vietnamienne.
Vers l’indépendance du Vietnam (1945 – 1954)
Le gouvernement provisoire de Trần Trọng Kim (1945)
À la suite du coup de force japonais du 9 mars 1945, l’autorité française est neutralisée au Vietnam. Le gouvernement impérial de Trần Trọng Kim est alors formé à Huế sous le règne de l’empereur Bảo Đại. Ce cabinet, essentiellement composé d’intellectuels nationalistes modérés, tente d’instaurer une administration vietnamienne autonome et de réformer le pays dans un contexte de guerre mondiale finissante.

Le gouvernement provisoire de Tran Trong Kim
Cependant, ce gouvernement provisoire ne dispose que d’un pouvoir limité, dépendant étroitement des Japonais. Son existence prendra fin en août 1945, avec le déclenchement de la Révolution d’Août, menée par le Việt Minh sous la direction de Hồ Chí Minh.
La proclamation de l’indépendance du 2 septembre 1945

Moment historique à Hanoi : Hồ Chí Minh lit la Déclaration d’indépendance, symbole de la renaissance du peuple vietnamien après des siècles de domination
Le 2 septembre 1945, sur la place Ba Đình à Hanoï, le président Hồ Chí Minh proclame solennellement la Déclaration d’indépendance du Vietnam, annonçant la naissance de la République démocratique du Vietnam. Ce texte s’inspire à la fois de la Déclaration d’indépendance des États-Unis (1776) et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789), affirmant le droit du peuple vietnamien à disposer de lui-même.

Cet événement marque une rupture historique majeure : après plus de 80 ans de domination coloniale, le Vietnam retrouve sa souveraineté de fait. Cependant, la reconnaissance internationale tarde à venir, et la France refuse de renoncer à son influence en Indochine, ouvrant la voie à un nouveau conflit armé.
De la Révolution d’Août à la reconnaissance internationale (1945 – 1954)
Après la proclamation d’indépendance, le jeune gouvernement vietnamien doit faire face à de multiples défis : la reconquête française, les luttes internes et les pressions internationales. Dès 1946, la situation dégénère en guerre d’Indochine, opposant les troupes françaises au Việt Minh, mouvement nationaliste et communiste. Pendant près de huit ans, le pays connaît une lutte acharnée, ponctuée par des batailles décisives, notamment celle de Điện Biên Phủ, en mai 1954, qui voit la défaite totale de l’armée française.
Cette victoire militaire entraîne la signature des Accords de Genève en juillet 1954, par lesquels la France reconnaît officiellement l’indépendance du Vietnam, ainsi que du Laos et du Cambodge. Ces accords marquent la fin du régime colonial français en Indochine, mais aussi le début d’une nouvelle division du pays, préfigurant la guerre du Vietnam à venir.
La guerre du Vietnam (1954 – 1975)
Les Accords de Genève et la partition du Vietnam (1954)
La Conférence de Genève, qui se tient du 26 avril au 21 juillet 1954, marque la fin de la première guerre d’Indochine opposant la France au Việt Minh. Ces négociations internationales rassemblent les grandes puissances de l’époque — France, Royaume-Uni, Union soviétique, Chine et États-Unis — ainsi que les délégations du Vietnam, du Laos et du Cambodge.

Les Accords de Genève (1954) – Un tournant majeur de la diplomatie vietnamienne : ils mirent fin à la guerre d’Indochine et reconnurent l’indépendance du Vietnam, du Laos et du Cambodge
Les Accords de Genève, signés le 21 juillet 1954, consacrent la reconnaissance officielle de l’indépendance du Vietnam, du Laos et du Cambodge. Toutefois, ils prévoient également une partition temporaire du Vietnam le long du 17ᵉ parallèle nord, destinée à précéder des élections nationales prévues pour 1956.
Au nord, le pouvoir est confié à la République démocratique du Vietnam, dirigée par Hồ Chí Minh, tandis qu’au sud, l’État du Vietnam reste sous l’autorité nominale de Bảo Đại, assisté de son Premier ministre Ngô Đình Diệm.
Cette division, conçue comme une mesure transitoire, se transforme rapidement en une séparation durable, marquant le début de la guerre du Vietnam, l’un des conflits les plus marquants du XXᵉ siècle.
Deux États vietnamiens : le Nord communiste et le Sud anticommuniste
Dès 1955, Ngô Đình Diệm écarte Bảo Đại et proclame la République du Vietnam, avec Saïgon pour capitale. Le pays est alors divisé en deux États antagonistes :
- au Nord, un régime communiste soutenu par la Chine et l’Union soviétique,
- au Sud, un gouvernement anticommuniste soutenu par les États-Unis et leurs alliés occidentaux.
Chacun revendique la légitimité de représenter l’ensemble du peuple vietnamien. Le climat politique se durcit, les tensions montent, et la réunification promise par les accords de Genève semble désormais impossible.

Ngô Đình Diệm (1901 – 1963) – Premier président du Sud-Vietnam, il instaura un régime autoritaire, répressif envers l’opposition et les bouddhistes, avant d’être renversé par un coup d’État
L’engrenage de la guerre et l’intervention américaine
Face à l’expansion du communisme en Asie, les États-Unis s’impliquent de plus en plus dans le conflit vietnamien, sous le prétexte de contenir la “théorie des dominos”. À partir de 1964, après l’incident du golfe du Tonkin, Washington envoie massivement des troupes au Sud-Vietnam.
Ce qui devait être une guerre locale devient alors une guerre totale. Les bombardements massifs, comme l’opération Rolling Thunder, et les interventions au sol plongent le pays dans une tragédie humanitaire sans précédent. Malgré leur puissance militaire, les États-Unis ne parviennent pas à vaincre la guérilla du Front national de libération (Việt Cộng), soutenue par le Nord.
La chute de Saïgon et la fin de la guerre (30 avril 1975)
Après le retrait progressif des troupes américaines (1973), le Sud-Vietnam se retrouve isolé et affaibli. Le 30 avril 1975, les forces nord-vietnamiennes entrent dans Saïgon, mettant fin à vingt ans de guerre.

Victoire du 30 avril 1975 – La chute de Saïgon met fin à la guerre du Vietnam et marque le début d’une nouvelle ère de réunification, de reconstruction et de défense nationale.
Les chars de l’armée populaire investissent le palais présidentiel, tandis que le dernier président du Sud, Dương Văn Minh, annonce la reddition sans condition. Ce jour historique marque la chute de Saïgon et la victoire du Nord, ouvrant la voie à la réunification du pays.
L’exode des “boat people” et la réunification du Vietnam (1976)
L’exode des “boat people” et la réunification du Vietnam (1976). La fin de la guerre ne met pas immédiatement un terme aux souffrances. Des centaines de milliers de Vietnamiens, craignant les représailles ou fuyant la pauvreté, quittent le pays par la mer. Ces réfugiés, appelés les “boat people”, entreprennent une traversée périlleuse vers la Malaisie, la Thaïlande, les Philippines ou les États-Unis.
En 1976, la République socialiste du Vietnam est officiellement proclamée. Hanoï devient la capitale du pays réunifié, tandis que Saïgon prend le nom de Hồ Chí Minh-Ville. Le pays passe alors sous un régime communiste unifié, amorçant une nouvelle ère marquée par la reconstruction et l’isolement international.
De 1975 à nos jours (1975 – 2025)
Les années difficiles de l’après-guerre (1975 – 1986)
Après la réunification du Vietnam en 1976, le pays entre dans une période de profondes difficultés économiques et sociales. De 1975 à 1982, plus d’un million de personnes sont envoyées dans des camps de rééducation ou déplacées vers les nouvelles zones économiques. Les biens personnels – habitations, commerces, terres et entreprises – sont souvent confisqués ou nationalisés. Parallèlement, des centaines de milliers de Vietnamiens fuient le pays, souvent par la mer.
Connus sous le nom de “boat people”, ces réfugiés cherchent asile en Malaisie, Thaïlande, Philippines, États-Unis, Canada ou France. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près de trois millions de personnes quittent l’Indochine entre 1975 et 1997.
En janvier 1979, le Vietnam entre dans la Troisième guerre d’Indochine, combattant sur deux fronts :
- Au sud, contre le Cambodge des Khmers rouges, afin de libérer ce pays du régime génocidaire prochinois ;
- Au nord, contre la Chine populaire, lors d’un bref mais violent conflit frontalier.
L’occupation vietnamienne au Cambodge durera jusqu’en 1989, avant la mise en place d’une mission de paix de l’ONU.
Les réformes économiques et l’ouverture internationale (1986 – 2000)
En 1986, le Vietnam lance une série de réformes économiques connues sous le nom de Đổi Mới (« Renouveau »). Ce tournant marque la transition d’une économie centralisée vers une économie socialiste de marché, encourageant l’initiative privée et l’investissement étranger.
À partir des années 1990, le pays s’ouvre sur le plan diplomatique :
- 1992 : rétablissement des relations diplomatiques avec les États-Unis et normalisation avec la Chine populaire ;
- 1994 : levée de l’embargo américain, ouvrant la voie aux investissements étrangers ;
- 1995 : adhésion officielle du Vietnam à l’ASEAN, symbole de son retour sur la scène régionale.

1995 – Le Vietnam rejoint l’ASEAN. Cet événement symbolise une étape décisive du renouveau diplomatique et de l’ouverture du pays vers ses voisins et le monde.
Ces réformes amorcent une période de croissance rapide, accompagnée d’une amélioration sensible du niveau de vie.
Le Vietnam au XXIᵉ siècle (2000 – 2025)
Au début du XXIᵉ siècle, le Vietnam poursuit son intégration à l’économie mondiale. Il devient membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2007, signe de son engagement dans la mondialisation. L’économie connaît depuis une croissance moyenne annuelle de 6 à 7 %, soutenue par les exportations, le tourisme et l’industrie technologique.
Le pays reste une République socialiste à parti unique. Le Parti communiste vietnamien (PCV) conserve le monopole du pouvoir, dirigeant l’État, le gouvernement et l’armée.
L’organe suprême, l’Assemblée nationale, élit :
- le Président de la République,
- le Premier ministre,
- et le Secrétaire général du Parti communiste, considéré comme le dirigeant le plus puissant du pays.
Dirigeants du Vietnam en 2025 :
- Président de la République socialiste du Vietnam : Lương Cường
- Premier ministre : Phạm Minh Chính
- Secrétaire général du Parti communiste du Vietnam : Tô Lâm
Sur le plan international, le Vietnam entretient aujourd’hui des relations équilibrées avec les grandes puissances : les États-Unis, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et l’Union européenne. Le pays est reconnu pour sa stabilité politique, sa main-d’œuvre qualifiée, et son rôle croissant dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment dans les secteurs de l’électronique, du textile et des énergies renouvelables.
En 2025, le Vietnam se positionne comme l’un des pays les plus dynamiques d’Asie du Sud-Est, tout en préservant son identité culturelle et son héritage historique.
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